A propos de la séquestration du carbone :
Les végétaux (chute de feuilles, résidus de culture, exsudats racinaires…) subissent une double transformation à travers deux processus parallèles : la minéralisation primaire, qui transforme la matière organique en eau, sels minéraux (nitrates, phosphates, soufre réduit) et CO2, et l’humification (minéralisation secondaire).
La minéralisation primaire permet le retour rapide du carbone et des autres éléments à nouveau utilisables par les végétaux. Elle peut être accélérée par le feu (combustion/incendie) ou être gérée par l’humain (méthanisation). Le temps moyen de biodégradation de la matière organique au cours de la minéralisation primaire est de l’ordre de l’année (sucres : 3 mois, cellulose ; 6 mois, lignine : 1 an).
La spécificité de la minéralisation secondaire est de former des substances humiques ayant une durée de vie supérieure au siècle et au millénaire. (Un exemple de sol riche en humus est le tchernoziom d’Ukraine).
La séquestration de la matière organique d’origine végétale n’est donc réellement significative que s’il existe un processus de minéralisation secondaire, ce qui implique un temps long.
A l’échelle humaine il est difficile d’évoquer un véritable processus de séquestration, la minéralisation primaire correspond tout au plus à un recyclage à bilan nul de séquestration de CO2 entre les périodes de croissance végétale et de décomposition.
Quid des énergies renouvelables produisant du CO2 ?
Tout développement élargi des filières bois-énergie et méthanisation contribue à générer du CO2 et donc participe à leur façon au phénomène de réchauffement climatique.
La seule vraie séquestration du carbone organique issue des végétaux et déchets réside dans la minéralisation secondaire.
→ L’intérêt de la production d’énergie renouvelable bois-énergie (noté ++ dans le PCAET) devrait surtout se limiter à l’entretien du paysage et de la forêt, éviter les incendies (exemple les Landes).
→ L’intérêt de la méthanisation (noté +++ dans le PCAET) devrait n’utiliser que des déchets et non des cultures dédiées (type maïs énergétiques). D’ailleurs quel avenir pour l’agriculture du Vexin lorsque les industriels de l’énergie relèguent les exploitants au rôle de fournisseurs de déchets ?
Remarque : une séquestration en quantité et durable du carbone organique existe lorsque pendant des millions d’années celui-ci est accumulé dans la formation des roches mères à l’origine des hydrocarbures fossiles ou du charbon. Mais précisément c’est en relâchant en un siècle ce CO2 stocké à l’échelle géologique que l’atmosphère et notre climat se trouvent aujourd’hui bouleversés !!